Vers une Coupe du Monde du Brésil 2014 durable : Promesse ou réalité?

“Blog à part” – Evea Tourisme : http://www.evea-tourisme.com/index.php/fr/blog-a-part-fr/160-vers-une-coupe-du-monde-du-bresil-2014-durable-promesse-ou-realite

Aujourd’hui c’est l’ouverture de la Coupe du Monde 2014 ! Tous aux paris en ligne ! Ruée sur les écrans plats ! Les plus chanceux pourront s’y rendre et les autres devront se contenter de pizzas géantes devant leurs écrans…

Qu’il est difficile de vivre sa passion sportive sans culpabiliser… En effet, la notion de développement durable s’est étendue à tous les aspects de la vie quotidienne. Parfois cohérents et pertinents, parfois synonymes de fausses promesses, les projets ‘durables’ doivent apporter leurs preuves d’engagement environnemental, social et économique surtout auprès des consommateurs de plus en plus exigeants en la matière. Ceci concerne tout type d’activité, et en l’occurrence, l´organisation de la Coupe du Monde de Football ne pouvait pas faire exception.

A notre époque, la population, les experts et les politiques s’interrogent sur les avantages et les inconvénients de l’organisation de ces macro-événements. Coupes du Monde de football (le Qatar fait actuellement la une) et Jeux Olympiques (dont la fameuse Sotchi) ont été au centre du débat : Est-il bon pour un pays d’organiser ces évènements ? Quels sont les avantages pour la population ? Contribuent-ils à un développement équilibré de l’économie ? Quels sont les risques pour l’environnement? Et ainsi, est-ce pertinent d’organiser ce genre de compétition dans des régions fortement polluées (débat relatif à la qualité de l’air autour de la candidature de villes chinoises aux JO ) ?

Aujourd’hui, le Brésil, sous les projecteurs de la Coupe du Monde, aborde ces enjeux de manière intéressante. Au moment où la population locale manifeste fortement sur l’organisation de cet évènement, nous nous sommes posé la question, chez EVEA Tourisme, de l’existence d’actions mises en œuvre pour contribuer à une organisation plus responsable de l’évènement. En tant que lecteur, vous trouverez peut-être que cet article traite le sujet de manière partielle, ce qui est vrai ! En effet, il existe de nombreuses sources évoquant les difficultés de mises en œuvre et les tensions auprès de la population, mais très peu d’articles évoquent les actions en cours pour proposer une manifestation plus responsable que ses homologues. Nous avons choisi ce positionnement pour encourager les projets de ce type et peut être, tout simplement, parce que nous ne sommes pas experts en économie et politique du Brésil… ni en football d’ailleurs.

Le Brésil a dès le début mis les thèmes de l’écologie et de l’environnement au centre de son programme. Premier point intéressant, le Brésil accueillera successivement la Coupe du monde de Football en 2014, la Coupe d’Amérique en 2015 et les Jeux Olympiques de 2016, donnant une première cohérence aux investissements réalisés. Il leur faudra faire face à une première difficulté qui est l’impact du transport, dans ce pays d’Amérique latine qui est le 5ème plus vaste de la planète, notamment pour les compétitions de football qui se déroulent dans un grand nombre de villes, éloignées les unes des autres. En effet, les trajets entre les stades seront principalement aériens et devraient induire l’émission de 2,72 million de tonnes CO2 (source : FIFA), soit l’équivalent des émissions annuelles de plus d´un million de brésiliens…

L´instance dirigeante du football international et le gouvernement brésilien ont lancé de grands projets pour limiter, autant que possible, les impacts sur l’environnement. Premier élément promotionnel, le porte étendard de l’engagement est la mascotte ‘Fuleco’, un croisement des mots entre écologie et football, qui selon la FIFA sont deux éléments fondamentaux d’une Coupe du Monde du XXIème siècle. Le personnage symbole est un tatou à trois bandes, animal menacé d’extinction.

Pour aller plus loin, la campagne Passeport Vert, soutenue par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, permet d’accompagner les supporteurs dans leur passion, de manière plus écologique. L’objectif de ce projet est d’étendre les actions de sensibilisation et proposer aux touristes de contribuer au développement durable par une consommation plus responsable en local lors de leur séjour au Brésil (par exemple en utilisant des services certifiés au niveau environnemental). Le site officiel du Passeport Vert présente plus en détail le plan d’action du gouvernement brésilien, concentré sur trois domaines: les stades durables, le contrôle des émissions de gaz à effet de serre et la gestion des déchets.

S’y ajoute aussi des conseils sur le tourisme responsable, la campagne comprend des visites proposées par le Passeport Vert: 60 alternatives de voyage dans chacune des douze villes hôtes de la Coupe du Monde de la FIFA 2014 et de ses environs. Elles visent à encourager les voyageurs à choisir des pratiques plus durables, tels que les transports publics, ou l’expérience de la culture locale. Au Brésil, ils existent plusieurs certifications environnementales, telles que Selo Verde Guia 4 Rodas et la Norme 15401, mais la campagne Passeport Vert a également créé sa propre liste d´établissements durables pour l’occasion.

Ainsi, les stades, qu’ils aient été rénovés ou construits en neuf, ont fait l’objet de choix drastiques sur le plan environnemental, car le financement était conditionnel à l’obtention des normes de certification de base dans la construction durable. Cela a permis une correcte gestion des ressources, l’utilisation rationnelle de l’énergie, la réutilisation de l’eau, l’autosuffisance et la production d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques. Pour compenser en partie l’effet de serre causé par l’activité de la Coupe, le ministère de l’Environnement a invité les entreprises à faire don de leurs Certificat de Réduction d´Emissions de gaz à effet de serre (CERs). Les entreprises répondant à cet appel reçoivent le label “Baixo Carbono”. En matière de gestion des déchets, entre autres mesures, les stades et autres installations ont mis en place des filières de collecte sélective pour une valorisation matière. Par ailleurs, la FIFA a décidé de financer des projets tels que la plantation d’arbres en vue de compensation carbone.

Ce ‘tableau vert’ de l’organisation officielle ne permet malheureusement pas d’adoucir la controverse présente actuellement dans le pays et relayée jusqu’à nous dans les médias. Le coût élevé de l’investissement (dont le retour sur investissement est discuté), la seconde vie des nouveaux stades (surtout celle de Manaus, qui est une ville moins fervente de football), ou la dissimulation des inégalités et des problèmes sociaux, élément commun à toute tenue d’évènements planétaires sportifs, sont quelques-uns des points les plus souvent repris dans les manifestations. Il semble que les promesses des plans stratégiques doivent encore faire leurs preuves auprès de la population.

Dilma Rousseff a fait face aux critiques ces dernières semaines, dans un contexte d’année électorale présidentielle… La présidente actuelle du pays a présenté le projet, chiffres à l’appui, en s’appuyant sur divers exemples concrets tels que le choix de stades écologiques, les investissements dans les infrastructures long terme pour le pays, ou le matelas financier liés aux réserves de l’Etat, (l’un des plus grand au monde suite à la très forte croissance du pays ces dernières décennies) en montrant qu’il a du sens et s’inscrit dans une logique durable (au sens longévité). L’influence de la couverture médiatique des manifestations, en cette période d’élection, a également pour effet de catalyser les arguments des deux parties…

Quoiqu’il en soit, au 12 Juin, jour du ‘Kick Off’ de la Coupe du Monde de Football, il ne nous reste plus qu’à attendre la suite des événements, en espérant que le pari du Brésil pour une Coupe du Monde durable deviendra une réalité (environnementale, économique et sociale) et un exemple positif pour les prochaines éditions.

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Bibliographie :

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